Adrien Barazzone, les frissons dun Premier de cordée

 

Sous l’ombrage d’un arbre majestueux du Parc Lagrange, Adrien me rejoint. Il sort de la répétition d’un spectacle actuellement à l’affiche du Théâtre de L’Orangerie. Après Toute intention de nuire, 1er volet de sa Trilogie des systèmes, le 2ème opus intitulé La Politique du pire fictionne une séance de Conseil municipal. Adrien joue tous les personnages qui s’y frottent et surtout s’y piquent.

Son visage porte encore les signes d’une ferme concentration. Si j’avais su, je ne l’aurais pas sollicité à quelques jours de la Première de ce seul-en-scène qu’il conçoit et interprète. Pour la peine, je concentre mes questions sur ses « premières fois » et « premiers choix ».

D’Adrien, j’apprécie depuis longtemps les talents d’acteur pour l’avoir vu à l’oeuvre la 1ère fois il y a plus de 15 ans, lors d’une présentation d’atelier de La Manufacture alors qu’il y étudiait. Ténébreux, malicieux, audacieux, frontal et un brin effronté, il s’était à mes yeux démarqué. Ensuite, je le revois régulièrement dans les spectacles de Philippe Saire, Tiago Rodriguez, Jonathan Capdevielle, Lea Pohlhammer, Natacha Koutchoumov,… et les films de Lionel Baier. Parallèlement à sa carrière de comédien, Adrien commence à écrire et mettre en scène ses propres spectacles. Et là, je soupçonne Adrien de beaucoup aimer les personnages qui racontent des histoires puis se font rattraper par elles, car il emboîte avec ingéniosité réalité et fiction, vérité et manipulation, réalité et débordement de l’imaginaire. Explorant l’ambiguïté de l’être humain, qui peut sous le masque de l’absolue sincérité se révéler un fin mythomane, Adrien ausculte sans jugement notre désir de convaincre, notre pouvoir de manipulation, aptitudes exacerbées chez l’avocat.e, l’écrivain.e, le politicien.ne, le juge, l’acteur.ice. Alors que je le questionne sur ses vocations alternatives, il m’arrache un éclat de rire avec sa réponse : « chirurgien ! Mais je n’aime pas le sang… Et journaliste. Je me suis toujours demandé comment ne pas être partisan au 1er degré et dans quelle mesure l’information pourrait devenir un bien commun? » À suivre, ce sera le sujet de sa prochaine création, si Adrien a dit la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

 Article signé Laure Hirsig

© Siegrist Janice

 

Votre 1er contact avec le théâtre?

Vers 12 ans, je me suis inscrit à l’option théâtre du Cycle d’orientation et je suis symboliquement « tombé amoureux » de Franziska Kahl qui donnait les cours.

J’ai reçu une éducation très ouverte d’esprit, mais aussi très bourgeoise. Franziska offrait une nouvelle forme de liberté en m’ouvrant un champ complètement neuf. Elle pensait différemment, nous emmenait voir des spectacles. Elle représentait à mes yeux un modèle de femme émancipée.

Ensuite, j’ai suivi les ateliers pour adolescent.e.s du Conservatoire de Genève avec Maude Coutau où l’enseignement m’enthousiasmait moins mais où j’étais tellement heureux de retrouver mes potes pour répéter, y compris les week-ends et les jours fériés. Finis les dimanches à angoisser en pensant à l’école du lendemain.

Le théâtre a commencé à envahir positivement ma vie.

 

Vos 1ères impressions de La Manufacture* ?

Réussir à intégrer une école m’a rassuré, comme si cela venait valider le fait que j’avais quelque chose à faire dans ce domaine. Encore balbutiante, La Manufacture offrait un cadre expérimental et familial qui me convenaient. J’étais persuadé d’y acquérir la technique qui me manquait. Ce n’est finalement pas ce que j’y ai appris, mais la formation dispensée octroyait une vraie place à la créativité des élèves. Les trois ans que j’y ai passés furent exceptionnels. Je les compte parmi les plus belles années de ma vie ; tellement intenses et déboussolantes. Je me sens privilégié d’avoir pu accéder à autant d’informations, de gens, de façons différentes de penser. J’ai aussi versé beaucoup de larmes et traversé quelques remises en question, mais j’ai su conserver la distance nécessaire pour trouver l’équilibre entre me donner corps et âme et garder mon sens critique. J’avais 24 ans et j’intégrais La Manufacture avec un bagage universitaire en Lettres en poche. J’étais donc prêt.

En coulisse©Adrien Barazzone

Quelles sont les 1ères personnes qui vous viennent en tête quand je dis « rencontres de théâtre déterminantes » pour vous, en tant que comédien ?

Je répète actuellement La Politique du pire, un spectacle pour lequel j’ai demandé à Christian Geffroy Schlittler et Barbara Schlittler – avec lesquel.le.s je travaille depuis longtemps – de m’accompagner. Christian a mis en scène notre spectacle de sortie lorsque j’étais étudiant à La Manufacture. En terme de jeu, il défend une authentique singularité. Avec lui, beaucoup de choses sont possibles. Il est venu bousculer mon côté bon élève, mon éducation bourgeoise, mes éternels questionnements sur l’appartenance ou non à la norme, mon rapport à la morale en déplaçant la question du bien faire et du mal faire. Christian m’a permis d’aborder une forme de radicalité, de bousculer les cadres. En bref, il m’a non seulement beaucoup appris mais également donné confiance, ce qui est, vu mon caractère, une vraie gageure.

Aujourd’hui, je l’invite à me regarder et me guider. J’aime jouer pour lui parce que je me retrouve dans la provocation à un endroit où nous convergeons. Nos envies de travailler la forme se rejoignent, et comme y a chez lui une grande part de réflexion, nous nous entendons également intellectuellement. Il stimule mon désir de comprendre et satisfait ma part cérébrale. Cette dimension n’exclut pas qu’en matière d’interprétation, le jeu reste totalement libre. Nous ne versons pas du tout dans un théâtre intellectuel mais aimons allier les deux pôles. Comprendre une forme, mettre des mots sur ce qu’elle représente permet de raisonner autour d’elle, puis de la traduire. Christian m’a appris comment passer de la compréhension à l’acte et sa façon de faire est hyper excitante.

Je pense aussi à Tiago Rodriguez, rencontré il y a 3 ans, comme une autre personnalité déterminante dans mon parcours de comédien. Lui aussi m’a donné confiance sur scène. Tiago dit à ses ses acteur.ice.s : « je ne vais pas faire ingérence. Tu sais te tenir, tu sais jouer, tu sais articuler une pensée ; c’est ton job », et il ne se mêle pas de ton job. Il a une autre démarche ; il est auteur et écrit pour les acteur.ice.s. Plus que de te mettre en scène, il te guide dans une façon d’interpréter le texte, il suggère des choses mais laisse une immense liberté. J’aime cette grande part de liberté, parce que je ne sais pas très bien refaire exactement à chaque représentation la même chose. Je m’ennuie vite.  

Un beau jour, vous vous lancez dans une 1ère mise en scène, puis une 1ère expérience d’écriture. Quels souvenirs en gardez-vous?

J’ai fait ma 1ère mise en scène enfant, dans mon salon. Il s’agissait du Jeu de lamour et du hasard de Marivaux, dont nous avions récrit le 1er acte en modernisant l’histoire. Ma soeur jumelle et des amis jouaient les différents personnages. La doyenne du cycle nous a proposé de le présenter dans l’enceinte de l’école. Je me souviens avoir dû convaincre tout le monde de reprendre, notamment ma soeur qui en avait bavé, la pauvre. Je la remercie encore aujourd’hui d’avoir été si vaillante. D’ailleurs, je suis sûr qu’elle aurait fait une bien meilleure comédienne que moi.

Quant à ma 1ère expérience d’écriture, elle remonte à la création de mon 1er spectacle professionnel, Sauna, au Théâtre du Loup. J’avais écrit des scènes, mais les comédien.nes les ont rapidement recalées, ce 1er lien avec l’écriture fut donc ambivalent. Comme je suis un comédien qui aime inventer, j’imagine qu’il en est de même pour les autres. J’ai néanmoins la conviction qu’une idée tient parfois en impro, mais il faut, sur cette base, quand même écrire de véritables scènes. Quand l’improvisation rencontre le contexte dramaturgique général, elle doit subir une transformation, mais il est difficile pour les comédien.ne.s de transformer la matière depuis l’intérieur. Il faut revisiter et récrire la matière trouvée au plateau depuis l’extérieur, pour que les interprète puissent ensuite pleinement se l’approprier. Je conçois des spectacles dans lesquels l’acteur.ice est à la fois totalement créateur.ice mais accepte aussi de se faire l’interprète de la matière proposée. Cela me semble le meilleur compromis possible avec l’intelligence collective.

J’essaie aussi de rendre les acteur.ice.s attentifs et réceptifs, comme des chambres d’écho.

Le socle textuel de mon spectacle Daprès est un roman qu’une bande d’acteur.ice.s radiophoniques des années 50, passe à la moulinette, pour en tirer une pièce. Cette double mise en abime était un merveilleux challenge théâtral et une formidable occasion d’adaptation.

Pour Les luttes intestines, l’écriture s’est entièrement construite sur l’improvisation.

Je suis un acteur qui a besoin d’être mis en confiance. La confiance me permet de faire énormément de choses. À l’inverse, je perds mes moyens si je me sens insécure.

Quelles sont les 1ères choses auxquelles vous pensez quand vous êtes dans la position de mettre en scène des comédien.ne.s ?

Comme je l’évoquais tout à l’heure, je suis un acteur qui a besoin d’être mis en confiance. La confiance me permet de faire énormément de choses. À l’inverse, je perds mes moyens si je me sens insécure. Je veille donc à plonger à mon tour les comédien.n.e.s que je dirige dans un climat de confiance.

Ensuite, pour guider l’interprétation, j’aime prendre des chemins détournés. Intimer à un.e acteur.ice de faire ceci, ou de se placer là ne rime à rien. Un interprète a besoin de comprendre. Il a aussi besoin de s’approprier les indications de jeu. Il est fréquent qu’on ne comprenne pas immédiatement ce que demande le metteur en scène. Plusieurs semaines plus tard, grâce à la compréhension qu’offre le corps, l’information est digérée. Alors seulement, l’indication donnée par le metteur en scène appartient aux comédien.ne.s qui se l’approprient. Ce n’est pas une question d’ego ou de paternité, mais un processus naturel. Il faut s’emparer des choses, puis les assimiler organiquement pour pouvoir les jouer. Un interprète a besoin de résister au départ. Cela me semble naturel. Il lui faut parcourir son propre chemin pour faire sienne l’indication de départ.

Je pense aussi qu’il est essentiel de savoir comment fonctionnent les comédien.ne.s avec lesquel.le.s tu travailles pour pouvoir les aider. Chacun.e. est différent.e. Il faut évidemment parler pour toutes et tous car il est important de faire collectif en répétition. Parallèlement, il faut conserver la conscience que tout le monde n’entend pas la même chose, sans jugement de valeur.

Selon moi, jouer c’est trouver la bonne distance, avec son propos, son personnage et le public. Il s’agit d’une distance à la fois physique et intellectuelle qui permet au phénomène de manipulation consentie sur lequel repose le théâtre, d’agir. Je fais semblant d’être quelqu’un qui croit à ce qu’il dit face à des personnes informées de l’imposture. Qui dit manipulation, dit responsabilité. En tant que comédien.ne, dois-je adopter une posture naïve, sans aucune distance ? Dans ce cas, je donne à voir les émotions ou intentions au 1er degré, ce qui limite la portée intellectuelle du jeu. Je crois plutôt qu’un.e comédien.ne dialogue sans cesse avec lui-même et avec la conscience de ce qu’ielle fait sur scène pour construire son rôle.

Jouer, c’est jouir des choix d’interprétation faits.

Et puis, jouer relie l’acteur.ice à l’hyper-présent puisqu’ielle doit dialoguer avec ce qu’ielle compose sur le moment, tout en réussissant à s’abandonner. Ce parallélisme ancre intensément dans l’instant. Personnellement, en tant qu’acteur, je me lasse vite. Reproduire tous les jours exactement la même chose ne m’intéresse absolument pas. A contrario, la remise en question du jeu dans le vif du présent, peut produire des moments géniaux. Être entièrement là, ici et maintenant, est, me semble-t-il, la moindre des choses que l’on doit aux spectateur.ice.s qui se sont déplacé.e.s au théâtre.

Alain Borek, David Gobet, Marion Chabloz et Mélanie Foulon dans le spectacle “D’Après”©Nicolas Dupraz 

Mélanie Foulon, David Gobet et Alain Borek dans le spectacle “Toute intention de nuire”©Dorothée Thébert

À bientôt 42 ans, comment prendre encore un risque ? Celui de déplaire peut-être… Étant seul en scène dans La Politique du pire, le vertige de la responsabilité s’en trouve augmenté. 

Quelles sont vos 1ères motivations pour monter un projet?

Monter un projet est long. Par conséquent, ma 1ère motivation consiste à trouver un sujet qui m’intéresse sur la durée. J’ai besoin qu’il me nourrisse intellectuellement et représente un défi formel. D’une certaine manière, il faut que les enjeux soit suffisamment compliqués pour que le flou reste intact longtemps. Je ne reste pas volontairement dans le brouillard, mais j’aime la densité qui se créé pendant des mois autour du travail de recherche, à travers ce que je lis, ce que je vis, de mes intuitions.

L’une de mes autres motivations réside dans le fait que mes projets hybrident des sujets qui, a priori, n’ont rien à voir. Du coup, je dois inventer un dispositif fort, un lieu unique.

Par contre, mettre en scène pour dire « mets-toi là, dis ton texte comme ça » ne m’intéresse pas. J’aime discuter et débattre sans adopter de positions radicales, mon idéal consistant à encourager les gens à dialoguer. Je déteste les étiquettes « je suis de gauche, donc je pense comme cela », mais comment dépasser cette vision binaire ? La complexité fait partie de nous. Chaque jour, je négocie avec moi-même pour savoir si ce que je pense est honnête ou si c’est juste une posture.

Dans mon nouveau spectacle, La Politique du pire – spectacle qui se joue actuellement à L’Orangerie – je m’amuse assez naturellement avec le débat politique mais je ne voulais pas brasser les grandes idéologies car je ne me considère pas comme un analyse politique. Je teste mon irrévérence à travers la séance plénière d’un Conseil municipal fictif que je joue seul en voyageant dans plusieurs points de vue politiques. Le dispositif que je propose va probablement susciter le débat, et tant mieux. À bientôt 42 ans, comment prendre encore un risque ? Celui de déplaire peut-être… Étant seul en scène, le vertige de la responsabilité s’en trouve augmenté.

Je reproche au milieu théâtral d’abuser de l’auto-réflexivité, qui frôle parfois l’hermétisme. C’est sans doute pour cela que j’essaie de confronter l’art avec d’autres champs. Comment, en tant qu’artiste, se confronte-t-on à un sujet ? D’Après puisait dans un roman qui n’avait rien à voir avec le théâtre. Dans Toute intention de nuire, c’est le système judiciaire qui est mis en jeu à travers le procès intenté contre une écrivaine. Dans quelle mesure a-t-elle le droit de traduire le réel en se l’appropriant. Avec quelle liberté peut-on raconter le monde ? Peut-on tout vampiriser pour faire fiction ? La liberté d’expression est très fragile aujourd’hui.

Dans vos spectacles, les acteur.ice.s dévoilent d’abord une 1ère couche, puis vient l’ambivalence, propice à questionner la notion de vérité et à travailler sur la sincérité de ce que est dit, au moment où cela est dit.

Je préfère soulever les questions que d’asséner des convictions. D’ailleurs, j’en ai peu. Défendre une position unique sans exclure le débat me semble difficile. Les positions médianes qui se rapprochent de nous, par la gauche ou par la droite, sont, pour moi, plus difficiles à écarter que les avis radicaux. Personnellement, les positions extrêmes m’intéressent peu, sans doute parce qu’elles me semblent d’office intolérables. Adopter une position extrême nous arrange souvent par la résolution binaire qu’elle propose. Cette solution est donc plus facile que l’effort qu’exige le fait de considérer plusieurs points de vue. Dans mes spectacles et dans la vie, j’ai besoin de questionner la limite de l’acceptable. Comment ne pas développer un mépris de classes ? Comment ne pas m’enfermer dans des réflexes communautaires ? Comment gérer le fait d’être un bobo à qui tout sourit ? C’est vrai, j’ai la position d’un privilégié et je le sais, mais j’essaie d’en faire quelque chose, pas nécessairement dans un engagement militant, mais autrement.

Par l’activation du doute ? Est-il, selon vous, un moteur d’intelligence, dans la mesure où il reconnaît l’existence d’un point de vue qui n’est pas le sien propre, soit pour l’affirmer ensuite, soit pour le remettre en question ?

Oui. Peut-être que ce n’est pas bien vu de le dire aujourd’hui, mais ne pas avoir la certitude de ce qui s’énonce me semble important. Bien sûr, il y a des choses à ne pas dire sur scène et certaines limites à ne pas dépasser, mais il me semble sain de croiser les points de vue, avis ou opinions afin de se demander ce que l’on en fait. L’ambiguïté fait énormément travailler, même si certaines idées nous révoltent. Ne pas entendre est la très mauvaise solution. Nous mêmes sommes très puissants dans la manipulation. Sans le savoir, nous sommes retors, complexes. L’intelligence humaine à l’oeuvre prend plusieurs formes. Si tu te considères comme le gentil, tu ne te remets jamais en question. Alors oui, créer le doute est bien, mais j’essaye toujours d’avoir la délicatesse de rendre la forme finale accessible à tous car je considère que nous fabriquons des spectacles pour le public.

L’humour vous permet-il de créer une complicité avec public ?

Oui, l’humour fédère. J’utiliserais plutôt le terme de malice. Être malicieux, c’est se dénoncer tout en étant rigoureux. Il faut manier la malice avec énormément de sérieux et croire au drame qu’il y a sous la farce, pour pouvoir s’en amuser. S’il n’y a pas de drame, la fable perd de son importance et la malice n’a plus aucune raison d’être comme échappatoire ou comme outil de conversion de la réalité.

Adrien Barazzone dans “La Politique du pire”©Rebecca Cosne

1 seule voix pour porter plusieurs personnages ? La polyphonie de votre solo pluriel s’est-elle développée instinctivement ou tout était écrit avant de répéter ?

Je ne créé jamais dans l’abstraction poétique « out of nowhere ». Je suis cartésien. Je pars donc toujours des contraintes. Par exemple, sachant que j’allais travailler avec quatre acteur.ice.s pour Toute intention de nuire, je devais attribuer plusieurs rôles à chacun.e, en réfléchissant bien aux combinaisons de rôles pour les uns et les autres, vu le thème et la forme du spectacle, à savoir un procès. Faire transiter les acteur.ice.s d’un point de vue à un autre était d’autant plus signifiant, souvent drôle.

Pour construire la dramaturgie d’un spectacle, il faut temporiser ce qui jaillit spontanément en impro afin de construire des dialogues crédibles. Il est bien sûr délicat, lorsque tu donnes beaucoup d’autonomie aux acteur.ice.s, de réviser la matière qu’ielles proposent. Au bout d’un moment, on commence à voir ce que sera le spectacle. Alors, l’acteur.ice ne s’accroche plus à ses idées personnelles mais oeuvre pour la construction du tout. C’est étonnant de créer des mondes au sein duquel se développent des autonomies minimum.

Dans La Politique du pire, je dois faire tout cela tout seul, ce qui me semble très bizarre. Quand les voix surgissent de partout, se tisse une sorte de dialogue de fou avec soi-même. Au départ, je souhaitais faire ce spectacle avec sept acteur.ice.s, mais cela supposait un budget bien trop conséquent. Sous forme de boutade, j’ai dit : « alors je vais le faire tout seul ». C’était irréfléchi mais comme j’aime, comme j’adore jouer, je me suis lancé. Quand je mets en scène, je suis énorme bosseur. Je me lève à 6h pour travailler le matin avant la répétition et m’arrête vers 22h. Je ne me ménage pas mais là, étant seul en scène, ce genre de rythme aurait été intenable.

Dans La Politique du pire, vous incarnez plusieurs personnages mais finalement, 1 seul homme prend la parole pour défendre des points de vue antagonistes.

Un seul acteur incarne le dialogue républicain, ce qui peut sembler complètement absurde. C’est mission impossible. In fine, un réseau de sens se tisse. Le spectateur voir un homme seul à la tribune, comme ces dictateurs qui prennent toute la place.

Lorsque je mets en scène, je propose une idée. Les comédiens la reçoivent et même s’ielles n’ont pas envie, ils font preuve d’énormément de bonne volonté pour l’éprouver au plateau. Pour ce solo que je conçois et interprète, j’ai les réflexes de tout comédien qui a tendance à se dire que les idées de mise en scène, les miennes en l’occurence, ne sont pas terribles. Or, je ne dois rien censurer a priori, sinon je m’éteins. Je dois engager les action-réaction tout seul (rire).

Comme évoqué plus tôt dans notre discussion, mon plus grand ennemi est moi-même. La confiance n’est pas un vain. Elle se conquiert tous les jours. Tout comme le courage ne se stocke pas, la confiance ne se capitalise pas non plus. Un jour tu es euphorique parce que tu as réussi une audition mais le lendemain tu es à nouveau insécure. La confiance est si fragile.

Faire les rire les gens est ce qui me procure le plus de joie, que ce soit sur scène ou dans la vie. 

Safi Martin-Yé, Marius Schaffter, Mélanie Foulon, David Gobet et Marion Duval dans le spectacle “Les Luttes intestines”©Gregory Brunisholz

Quelle est le plaisir que vous placez sur la 1ère marche de votre podium ?

Faire les rire les gens est ce qui me procure le plus de joie, que ce soit sur scène ou dans la vie. J’aime aussi que les acteurs me fassent rire quand je mets en scène. J’adore cette forme d’intelligence qui consiste à dire une chose en déplaçant le contexte pour provoquer un télescopage de sens ou un décalage. Dire et provoquer le déplacement, se fait simultanément. Faire rire, c’est transformer quelque chose, comme la poésie. L’humour est un trait d’esprit. Souvent, on ignore ce qui l’a déclenché car il est le résultat d’une convergence d’éléments réunis à un moment précis. C’est cette complexité qui le rend difficile à retrouver. Le rire est une récompense. Comme un animal, tu te prépares à recevoir ta récompense mais à chaque représentation, il faut partir à la rencontre de nouveaux spectateur.ice.s.

 

* La Manufacture-HETSR : Haute École de Théâtre de Suisse Romande, basée à Lausanne

Laure Hirsig est diplômée de l’École d’Art Estienne (Paris) en gravure et en Histoire de l’art. Cette passionnée de dessin fonde sa pratique sur l’incessant dialogue entre technique et création. De retour en Suisse, elle s’immerge dans le milieu théâtral et entretient aujourd’hui un rapport direct au plateau par la mise en scène et la dramaturgie.

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La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce troisième “Traversée en solitaire”, on décolle aux côtés d’Olivia Csiky Trnka.

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Raphaël Vachoux, sans peur ni reproche

Raphaël Vachoux, sans peur ni reproche

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce deuxième “Traversée en solitaire”, on embarque aux côtés de Raphaël Vachoux.

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Jacques Michel, l’échappée belle

Jacques Michel, l’échappée belle

En six décennies de carrière, le comédien a endossé tous les costumes. Acteur dans tous les sens du terme, il a construit une histoire qui déborde la sienne, celle du théâtre romand. Portrait.

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Lola Giouse, Miss en tropisme

Lola Giouse, Miss en tropisme

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude, ses charmes comme sa nocivité dans leur parcours et leur pratique. Pour cette première “Traversée en solitaire”, on largue les amarres avec Lola Giouse.

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Un dernier café avec Michel Piccoli

Un dernier café avec Michel Piccoli

L’acteur nous a quitté le 12 mai, à l’âge de 94 ans. En guise d’hommage, des extraits inédits d’un entretien accordé à Lionel Chiuch à l’occasion de la tournée de “Minetti”, de Thomas Bernhard.

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Monica Budde, la voix libre

Monica Budde, la voix libre

D’Andromaque de Racine au personnage de A de Sarah Kane, la comédienne Monica Budde campe des femmes qui, comme elle, ne s’en laissent pas conter. Portrait en toute liberté.

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Braqueur de banques!

Braqueur de banques!

Alors que la saison 2 de « Quartier des banques » débarque sur les écrans, son réalisateur, Fulvio Bernasconi, nous parle de son rapport aux comédien(ne)s.

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“L’avantage ici, c’est le Système D”

“L’avantage ici, c’est le Système D”

A la Chaux-de-Fonds, pays des merveilles mécaniques, on croise moins de lapin blanc que de drapeau noir. La comédienne Aurore Faivre brandit celui d’un théâtre qui ose et qui place l’humain au centre.

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Gilles Tschudi: “C’est vrai, je ne connais pas de barrière”

Gilles Tschudi: “C’est vrai, je ne connais pas de barrière”

Acteur puissant et subtil, Gilles Tschudi n’hésite pas à se mettre à nu, comme dans « Souterrainblues », mis en scène par Maya Bösch il y a près de dix ans au Grütli. Mais l’homme dévoile volontiers aussi ce qui « l’agit » et dresse ici une véritable métaphysique du jeu.

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Sarah Marcuse: Tribulations avignonnaises

Sarah Marcuse: Tribulations avignonnaises

En 2018, la comédienne et metteure en scène genevoise Sarah Marcuse s’est frottée au Festival Off. Elle en rapporte un témoignage fort que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation.

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Toutes les rencontres

Nicolas Müller – L’Art du décalage

« Je me rappelle de ces sensations de liberté et de soulagement durant les premiers spectacles. Cet espace qui s’ouvrait, s’éveillait, demeure la raison pour laquelle je pratique le théâtre aujourd’hui. »

Entretien signé Solange Schifferdecker

Igaëlle Venegas, auto-métamorphoses…

“J’aime l’idée de découvrir quelque chose qui est déjà là, en moi, et de lui permettre de se manifester librement en jouant.”

Entretien signé Stella LO PINTO

Jean Liermier, rencontre entre quatre yeux et deux casquettes

« Si je pars maintenant, ce n’est pas par gaité de cœur ni parce que je suis lassé. Je ne sais même pas ce que je vais faire après. Mon intérêt personnel n’a rien à voir avec cette décision. Je pars parce que je pense que c’est le moment. »
Entretien signé Laure Hirsig

Tatiana Baumgartner à vif et sans fard

“J’ai découvert que j’aimais écrire du théâtre. Les dialogues, les interactions, double sens et sens cachés dans ce que les gens disent. La manipulation derrière le langage.”

Entretien signé Delphine Horst

Laurence Perez: Scène suisse, un pont pour danser en Avignon

L’an prochain, Laurence Perez cédera les rênes de « Sélection suisse en Avignon » à Esther Welger-Barboza. En attendant, l’actuelle directrice artistique et exécutive couve une ultime volée dont elle défend avec détermination la singularité.

Liv Van Thuyne et Serge Martin ¦ Le génie des ingénu.e.s [acte I]

Pour inaugurer ce feuilleton, je m’entretiens avec Liv Van Thuyne, 22 ans, élève de 1ère année à l’école Serge Martin. Malgré son jeune âge, elle s’est déjà frottée au large spectre des arts, sensible aux subtilités qu’offre chacun d’eux. En écho, la magie de la pensée concentrée du maître Serge Martin, qui dit tant en si peu de mots.

Le théâtre-zèbre de Marielle Pinsard

Marielle Pinsard m’a offert mon premier plongeon théâtral. Alors que l’année 2001 allait s’éteindre, Marielle mettait le feu aux poudres avec Comme des couteaux, pièce dont elle était à la fois l’auteure et la metteure en scène.

Michel Vinaver, homme de l’être

Dramaturge et écrivain, mais aussi ancien chef d’entreprise, Michel Vinaver s’est éteint ce 1er mai à 95 ans. En hommage, les extraits d’un entretien accordé il y a quelques années.

Mali Van Valenberg se mêle au vent

Série “J’ai deux amours” (VI). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Pour cet ultime volet, Laure Hirsig parle écriture avec Mali Van Valenberg.

Alexandra Marcos, voix double

Série “J’ai deux amours” (V). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Pour ce nouveau volet, Laure Hirsig suis les “voies” d’Alexandra Marcos.

Paroles de scénaristes : où en est la Suisse?

Depuis sa création en 2003, la Haute école des arts de la scène, implantée à Lausanne, n’a cessé de déployer le champ de ses recherches artistiques tout en multipliant ses filières. Au point qu’elle se sent désormais un peu à l’étroit entre les murs de l’ancienne usine de taille de pierres précieuses.

La Manufacture: la conquête de l’espace

Depuis sa création en 2003, la Haute école des arts de la scène, implantée à Lausanne, n’a cessé de déployer le champ de ses recherches artistiques tout en multipliant ses filières. Au point qu’elle se sent désormais un peu à l’étroit entre les murs de l’ancienne usine de taille de pierres précieuses.

Sébastien Ribaux, l’amour de la psyché

Série “J’ai deux amours” (IV). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Laure Hirsig dévoile le “double je” de Sébastien Ribaux.

Delphine Lanza, au Pays des merveilles

Série “J’ai deux amours” (III). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Laure Hirsig dévoile les “multiples palettes” de Delphine Lanza.

Noémie Griess, au plateau et au micro

Série “J’ai deux amours” (II). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Pour ce deuxième volet, Laure Hirsig échange avec Noémie Griess sur ce “double jeu”.

Garance La Fata, l’esprit boomerang

Série “J’ai deux amours” (I). Parce que la vie ne s’arrête pas à la scène, certain.e.s comédien.ne.s s’emploient à jouer un rôle bien ancré dans le réel. Pour ce volet inaugural, Laure Hirsig échange avec Garance La Fata sur ce “double jeu”.

Joël Hefti, portrait extérieur

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce sixième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Joël Hefti.

Roberto Garieri, de chair et de mots

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce cinquième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Roberto Garieri.

Le parler swing de Roberto Molo

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce quatrième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Roberto Molo.

Djamel Bel Ghazi, tempête sous un crâne

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce troisième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Djamel Bel Ghazi.

Xavier Loira, dandy cash

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce deuxième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Xavier Loira.

Boubacar Samb, sentinelle sans tabou

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce premier volet d’une série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien d’origine sénégalaise, Boubacar Samp.

Carlo Brandt, l’homme renversé (II)

Pour nous, Carlo Brandt a prêté ses traits au visage inquiet et brut du monde. Comédien d’exception, il se livre dans un portrait intime dressé par Laure Hirsig. Second et dernier chapitre d’un entretien sans fard.

Carlo Brandt, l’homme renversé (I)

Pour nous, Carlo Brandt a prêté ses traits au visage inquiet et brut du monde. Comédien d’exception, il se livre dans un portrait intime dressé par Laure Hirsig. Premier chapitre.

Isabelle Caillat au coeur de la crise

La comédienne genevoise s’impose en femme de tête et de coeur dans « Cellule de crise », nouvelle série signée Jacob Berger qui nous dévoile les arcanes de l’humanitaire. Entretien à la veille de la diffusion.

Y’a-t-il encore un.e auteur.e dans la salle?

Acteur.trice à la fois central et à part, l’auteur.e d’un spectacle ou d’un film doit composer avec des contraintes qui laissent peu de place à l’ego. Trois d’entre eux/elles nous parlent de leur pratique.

Alain Mudry, colosse au clair de lune

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce sixième “Traversée en solitaire”, on se met sur orbite avec Alain Mudry.

Serge Valletti brise le glas à Avignon

Acteur, auteur, scénariste aux côtés du réalisateur Robert Guédiguian, Serge Valletti a mis du baume aristophanesque sur les plaies du festival avorté. Rencontre.

Arblinda Dauti, la perle noire

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce cinquième “Traversée en solitaire”, on se fait la belle avec Arblinda Dauti.

David Valère, l’homme debout qui met le chaos K.O.

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce quatrième “Traversée en solitaire”, on fend les flots avec David Valère.

Olivia Csiky Trnka, l’extra-terrienne

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce troisième “Traversée en solitaire”, on décolle aux côtés d’Olivia Csiky Trnka.

Raphaël Vachoux, sans peur ni reproche

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce deuxième “Traversée en solitaire”, on embarque aux côtés de Raphaël Vachoux.

Jacques Michel, l’échappée belle

En six décennies de carrière, le comédien a endossé tous les costumes. Acteur dans tous les sens du terme, il a construit une histoire qui déborde la sienne, celle du théâtre romand. Portrait.

Lola Giouse, Miss en tropisme

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude, ses charmes comme sa nocivité dans leur parcours et leur pratique. Pour cette première “Traversée en solitaire”, on largue les amarres avec Lola Giouse.

Un dernier café avec Michel Piccoli

L’acteur nous a quitté le 12 mai, à l’âge de 94 ans. En guise d’hommage, des extraits inédits d’un entretien accordé à Lionel Chiuch à l’occasion de la tournée de “Minetti”, de Thomas Bernhard.

“Il reste dans la culture une sorte de mépris de classe”

Après un septennat à la tête du GIFF, Emmanuel Cuénod s’apprête à en remettre les clés. Dans un long entretien sans langue de bois, il nous parle du festival genevois et donne quelques coups de griffe à la politique culturelle suisse.

Monica Budde, la voix libre

D’Andromaque de Racine au personnage de A de Sarah Kane, la comédienne Monica Budde campe des femmes qui, comme elle, ne s’en laissent pas conter. Portrait en toute liberté.

Braqueur de banques!

Alors que la saison 2 de « Quartier des banques » débarque sur les écrans, son réalisateur, Fulvio Bernasconi, nous parle de son rapport aux comédien(ne)s.

“L’avantage ici, c’est le Système D”

A la Chaux-de-Fonds, pays des merveilles mécaniques, on croise moins de lapin blanc que de drapeau noir. La comédienne Aurore Faivre brandit celui d’un théâtre qui ose et qui place l’humain au centre.

Gilles Tschudi: “C’est vrai, je ne connais pas de barrière”

Acteur puissant et subtil, Gilles Tschudi n’hésite pas à se mettre à nu, comme dans « Souterrainblues », mis en scène par Maya Bösch il y a près de dix ans au Grütli. Mais l’homme dévoile volontiers aussi ce qui « l’agit » et dresse ici une véritable métaphysique du jeu.

Théâtre des Osses, théâtre de chair

On prend les chemins de traverse jusqu’à Givisiez pour y rencontrer Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. Leur nouvelle saison regarde la planète en face.

Sarah Marcuse: Tribulations avignonnaises

En 2018, la comédienne et metteure en scène genevoise Sarah Marcuse s’est frottée au Festival Off. Elle en rapporte un témoignage fort que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation.

Carole Epiney, névrosée à temps partiel

Elle était impeccable dans « Les névroses sexuelles de nos parents ». La valaisanne Carole Epiney affronte les aléas de la vie de comédienne romande avec une belle énergie.

Il y a plus de compagnies que de films

Critique à la Tribune de Genève, Pascal Gavillet est un habitué du cinéma suisse, dont il connait bien les mécanismes. On fait le point avec lui.