Valeria Bertolotto et Tobia Giorla

Le génie des ingénu.e.s – Acte III

Reprise du feuilleton Le Génie des ingénu.e.s (III) avec Tobia Giorla, élève en 1ère année de La Manufacture*. Cet apprenti-comédien de 22 ans, passionné de cinéma et de belles lettres, vient de publier un 1er roman poétique et n’hésite pas empoigner palette et pinceaux quand l’envie de diversifier les langages par l’image le démange.
En miroir, découvrez le témoignage de la comédienne Valeria Bertolotto, qui, parallèlement au jeu, officie depuis décembre 2020 en tant que Responsable académique du Bachelor Théâtre de La Manufacture. Parce qu’elle a depuis longtemps les deux pieds solidement ancrés sur le plateau et qu’elle endosse à présent une mission pédagogique qui la met en lien avec la génération émergente, sa carrière atypique révèle la polymorphie des parcours. Elle prouve par l’exemple que la transmission d’interprète en interprète est une source inépuisable de réinvention et que, tant que l’art restera vivant, les personnalités scéniques ne cesseront de se démultiplier à l’infini.

Valeria Bertolotto©Guillaume Perret

Tobia Giorla©Dennis Mader

À quel moment avez-vous décidé d’entamer une formation théâtrale diplômante ?

TOBIA. Même si c’est plus ou moins conscient lorsqu’on est enfant, j’ai toujours voulu être acteur. Aujourd’hui, je suis élève-comédien mais je suis aussi peintre et je viens de sortir mon 1er livre Obsessions aux éditions Baudelaire. Je ressens le besoin de créer comme une nécessité. D’abord, j’ai été attiré par le cinéma parce que je trouvais le jeu théâtral “caricatural”. Mais c’est totalement faux.
Je suis né à Sierre où j’ai fait mon cycle, puis je suis allé au collège à Sion. Là, de mes 16 à mes 18 ans, j’ai suivi des stages de théâtre en parallèle de ma scolarité. À la sortie du collège, j’envisageais une année sabbatique pour raison de santé mais j’ai été pris en stage au Cours Florent, alors je suis parti à Paris à 18 ans.
L’année passée, j’ai commencé les concours pour intégrer une école nationale. J’ai tenté la classe libre au Cours Florent et La Manufacture à Lausanne. J’ai été pris à la Manufacture.

VALERIA. Mon 1er souvenir marquant de scène remonte à l’enfance. De 5 à 10 ans, j’ai fait beaucoup de danse classique et nous présentions de petits spectacles aux familles. Vers 6-7 ans, mon goût du jeu s’est développé grâce à mes acteurs fétiches ; Louis de Funès en tête dont j’étais une fan inconditionnelle. Imiter Louis de Funès, c’était mon truc ! Lorsque l’un de ses films passait à la télé le mardi soir, j’étais autorisée à le regarder parce que je n’avais pas école le lendemain matin. L’enjeu était donc immense. Coluche et l’émission Au théâtre ce soir ont également trôné comme références déterminantes dans la construction de ma vocation. L’énergie de ces figures clownesques me stimulait et me faisait rêver.
Lorsque nous avons quitté la France pour nous installer à Meyrin, j’ai été scolarisée au cycle de la Golette. Là, j’ai vu le spectacle des élèves du cours de théâtre facultatif. J’étais en 9ème. Je me souviens m’être dit : je veux faire ça ! Du coup, en arrivant au collège Rousseau, je me suis inscrite au cours de théâtre, que j’ai suivi pendant 4 ans. L’envie d’être sur scène devenait dévorante mais j’ignorais comment m’y prendre.
Ce fut un long processus, mais je pense qu’à 15 ans, l’idée avait clairement germé en moi.

Tobia Giorla©Julie Ricard

Vos parents ont-ils joué un rôle dans votre intérêt pour le théâtre,ou est-ce un appel personnel ?

TOBIA. Mes parents sont tous deux architectes, ma grande-sœur aussi. Mon grand-frère est dans l’informatique et le management. Enfant, je regardais les planches d’architecture comme des équations mathématiques. Cette discipline ne me touchait pas. Le seul artiste de ma famille – mise à part ma cousine chanteuse lyrique – est mon parrain, le peintre Jean-Blaise Evéquoz. Je n’ai ni modèle, ni guide familial en matière de théâtre ou de cinéma. Comme j’ai exprimé le désir de devenir acteur très tôt mes parents ont posé comme condition que j’obtienne une maturité.

J’ai la chance d’avoir des parents admiratifs de ce que je fais. Ils me soutiennent moralement et financièrement, ce qui fut déterminant pour pouvoir suivre le Cours Florent à Paris.

VALERIA. Mon père travaillait au CERN**. Que sa fille fasse des études universitaires était pour lui une évidence. À ses yeux, le théâtre se pratiquait en amateur, mais n’était pas un métier.

Ma mère me soutenait mais elle n’avait pas le même poids décisionnel que mon père. Je suis issue d’une famille traditionnelle italienne au sein de laquelle, pour les décisions importantes, c’était la voix du père qui primait. Ceci dit, une fois mis devant le fait accompli, il n’a pu que me suivre. Mes parents m’ont donc finalement soutenue, notamment financièrement.

En 1990, j’ai passé ma maturité. J’avais 18 ans. Je me suis empressée de m’inscrire à la classe préparatoire du Conservatoire de Genève et, parallèlement, en Lettres à l’Université. La préparatoire nécessitait une autonomie et des références théâtrales que je n’avais pas. Les autres élèves me semblaient tellement déterminés et organisés. Je me sentais complètement à côté de la plaque. Après 3 ou 4 mois, j’étais hors service et j’ai fini par décrocher.

L’année suivante, j’ai eu un nouveau déclic en voyant Les épis noirs, un spectacle d’Alicia Kühn. Elle était peintre mais enseignait aussi le théâtre au Conservatoire populaire. Elle travaillait souvent avec des jeunes sans formation ou des squatteurs. Dans les années 90, elle a eu une certaine visibilité dans les milieux alternatifs genevois. Elle développait un style théâtral corporel, basé sur l’énergie physique de l’interprète. Elle travaillait avec Werner Kuhn, son ex-mari, qui venait de chez Grotowski. J’ai adoré ce spectacle et me suis présentée à l’audition qu’elle organisait pour Opérette de Gombrowicz, qui s’est joué dans un lieu auto-géré appelé « Le 14 avenue des Philosophes ». Le projet suivant, Songe d’une nuit d’été de Shakespeare s’est joué dans un autre lieu alternatif, le Théâtre du Garage. Parallèlement à ces expériences scéniques, j’ai bouclé ma demi-licence à l’Uni et décidé de me présenter à la préparatoire de Lausanne. Je suis ensuite entrée à la SPAD*** où j’ai poursuivi ma formation. À mon arrivée, André Steiger en quittait la direction pour partir en retraite. Gilbert Divorne avait pris les rênes de l’école, puis Hervé Loichemol lui a succédé. Hervé, Andrea Novicov, le duo Pasquier-Rossier et Martine Paschoud sont des enseignants qui m’ont marquée. D’ailleurs, je dois mon 1er contrat à Martine. Grâce à elle, j’ai auditionné pour Ce soir on improvise de Pirandello que mettait en scène Claude Stratz. 

Pour en revenir à mes parents, malgré son grand scepticisme, mon père a fait des efforts pour accepter mon choix. Je me souviens d’un Noël où il avait demandé conseil à la librairie du Rameau d’Or pour savoir quoi m’offrir. J’ai reçu de sa part les œuvres complètes de Nathalie Sarraute. Il est décédé au milieu de ma 2ème année à la SPAD. J’ai appris plus tard qu’il avait confié à ma tante qu’il ferait son possible pour comprendre ce que je faisais, par peur de ne plus pouvoir discuter avec moi. Ma mère a toujours été un énorme soutien. Elle a été très présente dans ma vie professionnelle depuis le début.

En arrivant de nulle part, j’ai longtemps eu le syndrome de l’imposteur parce que je manquais de culture théâtrale. Ma référence, c’était Louis de Funès… Finalement, j’ai fait du théâtre, finalement j’ai intégré une école, finalement j’ai été engagée par Claude Stratz, finalement je fais une carrière professionnelle. Comme quoi, peu importe d’où tu viens.

Valeria avec Angèle Colas “Femme disparait”©Samuel Rubio

« J’aime le théâtre qui appelle la liberté d’interprétation et pour moi, l’exploration de cette liberté est clairement passée par le jeu avec d’autres acteurs. »

Avez-vous appris avec vos partenaires de jeu ?

VALERIA. Pour moi, l’intensité artistique a commencé après l’école. En sortant de la SPAD, j’avais conscience de ce qu’il me manquait, de ce qu’il me restait à apprendre. J’ai en effet poursuivi l’apprentissage du théâtre avec mes camarades de jeu. Par exemple, ma participation au Platonov mis en scène par Alexandre Doublet en 2010 a été une expérience charnière. Avec cette équipe-là, j’ai beaucoup appris sur le rapport du présent au plateau. Alexandre et une grande partie de la distribution étaient issus de la volée B de La Manufacture. Ils avaient une dizaine d’années de moins que moi. Nous étions trois acteurs extérieurs : Vincent Fontannaz, Jacqueline Ricciardi et moi.

J’ai toujours nourri une grande curiosité pour le théâtre contemporain. Au début des années 2000, j’ai eu un choc en voyant Boucher espagnol d’Oscar Gomez-Mata. Ce type de théâtre a allumé quelque chose en moi qui émanait clairement d’Oscar l’acteur. Sa liberté, son effronterie, son rapport jubilatoire au jeu permettent de questionner les limites de ce que l’on peut faire sur scène. J’aime le théâtre qui appelle la liberté d’interprétation et pour moi, l’exploration de cette liberté est clairement passée par le jeu avec d’autres acteurs.

En 2006, j’ai suivi un stage dirigé par Oscar à La Manufacture, animée par le rêve de travailler avec lui car je voyais et aimais tous ses spectacles. C’est le seul metteur en scène à qui j’ai écrit une lettre exprimant mon désir de travailler avec lui. En 2013, nous nous sommes retrouvés tous deux jurys pour la promotion H de La Manufacture. En 2016, il m’a engagée sur Le Direktør d’après Lars Von Trier. Il a fallu passer par plusieurs étapes pour que nous soyons enfin réunis par le plateau L’exploration concrète des limites, on ne me l’a pas apprise à la SPAD. Les vrais espaces de liberté se sont ouverts après, au cours de ma vie professionnelle, notamment avec Oscar, mais aussi avec la Cie Pasquier-Rossier sur la création du Corbeau à quatre pattes de Daniil Harms en 2000, ou encore avec Andrea Novicov dans Les quatre jumelles de Coppi, puis La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca en 2010.

Femme disparait”©Samuel Rubio

“Memento Mori” de Tobia Giorla (2019)-Acryl sur toile 300x160cm

Votre rêve de comédien.ne, c’est…

TOBIA. Tout d’abord, celui de pouvoir vivre de mon métier. C’est davantage un plan qu’un rêve.

Ensuite, travailler avec des comédiens-metteurs en scène dont j’ai reçu l’enseignement au Cours Florent, comme Laurent Bellambe qui m’a fait découvrir des choses incroyables et Anne-Sophie Robin que j’admire énormément.

Jouer à la Comédie française est aussi l’un de mes autres rêves.

Viennent ensuite les rêves plus fous : jouer avec ces acteurs et actrices que j’admire comme l’énigmatique Joachim Phoenix, Leonardo Di Caprio, Timothée Chalamet et… Kate Blanchett, si tu m’entends : appelle-moi !

Je suis prêt à aller le plus loin possible pour concrétiser mes “rêves”, peu importe ce que cela me coûte comme efforts. J’ai réussi à affronter des problèmes de santé tellement gigantesques que j’ai atteint une sorte de confiance. Je me sais capable de surmonter de très grosses difficultés. Je travaille pour ne pas être malheureux. Je me dis souvent que ce n’est pas grave si je meurs maintenant, parce que je donne tout, tout le temps. Et je me sens médiocre quand j’arrête. D’ailleurs, je déteste aller au lit et dormir. Je travaille par pulsion, par “vomissement”.

 

VALERIA. Aller toujours plus loin et rester en éveil. Je rêve de continuer à rencontrer des gens qui me font bouger dans des zones où je ne suis pas encore allée. Je veux continuer à entraîner cette gymnastique du présent avec des metteurs en scène et des acteurs avec lesquels je partage des valeurs humaines communes.

Avec l’expérience, je ne crois plus au maître providentiel ni au génie de la direction d’acteur. C’est un rêve de princesse qui s’est transformé avec l’âge. Je ne crois plus au prince charmant. Aujourd’hui, je suis même contre l’idée que l’on dépend de quelqu’un pour être performant. Pour moi, un bon prof est quelqu’un qui te donne des outils que tu peux utiliser de manière indépendante. Je crois à la collaboration, pas à la soumission.

Je rêverais aussi de pouvoir travailler davantage dans le champ cinématographique, qui m’est moins familier que le théâtre.

Et puis, j’ai un rêve précieux qui est en train de se réaliser. Celui d’écrire un spectacle sur un sujet spécifique dont je serai l’interprète. Je ne rêve pas de faire de la mise en scène, mais cela me semble évident, en tant qu’actrice, de réfléchir à l’auto-fiction. J’arrive à un stade où j’ai envie d’engager mes propres mots et un bout de mon histoire.

Valeria avec Adrien Barazzone et Yann Philipona dans « Orphelins »©Philippe Weissbrodt

“Ivanov”©Nora Rupp

Quel serait votre théâtre idéal ? À construire s’il n’existe pas, ou à rejoindre s’il existe.

TOBIA. J’aime bien cette question. Je trouve important de s’appuyer sur l’histoire de l’art. On dispose de milliers d’années d’histoire de l’art. Comment investit-on les Incontournables, depuis les Grecs ? Avoir conscience de ces bases solides, savoir ce qui existe déjà, sentir ce qui résonne en nous, pour aller ailleurs, mais consciemment : voilà une ligne de conduite artistique qui m’attire. Ce serait une manière de faire des œuvres qui évoluent sans fin. Le danger pourrait être d’engendrer des formes hybrides, bâtardes, de savants patchworks qui ne vont nulle part et n’ont pas de forme propre. Idéalement, il faudrait donc savoir tout ce qui existe, avoir les connaissances et les techniques pour créer ensuite un objet à la forme unique. Un objet poreux à ce qui existe, lui-même très solide.

J’ai commencé un 2ème livre dans lequel je me questionne sur la notion de compromis. Je déteste ça. Faire un compromis, c’est forcément renoncer. Alors, comment s’emparer de deux choses ou idées opposées, viser le milieu de ces opposés et faire de ce milieu une pensée complètement radicale, et non pas un compromis mou ? Je ne sais pas si c’est possible. Faire tout le temps des choix radicaux n’est pas non plus possible. Cela mènerait probablement à l’anarchie. Alors, comment rendre le compromis radical en lui-même et éviter l’entre-deux informe ? Du coup, ma réponse est plus conceptuelle que factuelle.

VALERIA. Un théâtre qui se bat pour l’aventure collective, avec du monde sur le plateau. Un théâtre attentif à la manière de travailler et de vivre ensemble. Le milieu artistique s’insurge sans cesse contre l’ultra-libéralisme mais adopte finalement un fonctionnement similaire. Comment continuer à penser le monde sur scène en acceptant un système de production déconnecté des valeurs que nous défendons ?

Dans un monde où tout est vu à travers le prisme du capitalisme, le théâtre doit résister comme un lieu d’utopie qu’il faut préserver. Cet art – qui n’existe que dans le présent – est l’art de la fragilité par excellence. On ne peut ni le capitaliser, ni le figer, ni le contrôler. Je défends un théâtre ouvert à l’imprévu et à l’accident, car selon moi, on ne peut pas penser le théâtre sans prise de risque. Le théâtre n’est pas un produit reproductible. En réalité, il n’est pas un produit du tout. Idéalement, il faudrait développer un système de production qui défend un théâtre plus accidenté et plus risqué encore. Une représentation peut être réussie un soir, moins réussie un autre. Et alors ? Ce risque est lié au fait que quelque chose se passe ici et maintenant, qui ne se passe nulle part ailleurs.

Ce moment de partage unique se construit en live, avec les gens présents. La base du théâtre pour moi ; c’est quelqu’un qui entre sur le plateau et quelqu’un qui le regarde. La Première marque le début d’une étape essentielle parce qu’un nouveau partenaire déterminant entre en jeu : le public. Je trouverais intéressant de réfléchir à quel moment on l’intègre. Peut-être pourrait-il arriver plus vite ? Ou de manière plus décontractée ? Par cette cohabitation vivante entre acteurs et spectateurs, le théâtre va à contre-courant du grand mouvement de virtualisation, de déshumanisation et de mécanisation des rapports humains.

Je crois aussi qu’il faut arrêter de considérer le théâtre en dehors du monde. Peut-on encore faire des spectacles sans penser à l’écologie par exemple ? Je crois à l’intersectionnalité de la pensée. Nous avons grand besoin d’institutions culturelles éthiques et d’espaces de recherche pour résister à la pression du marché.

Tobia Giorla©Léa Dubois

En tant que responsable pédagogique au sein d’une école de théâtre diplômante, quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez à ce poste ?

VALERIA. Sur le plan personnel, cela me demande beaucoup de travail et d’organisation de mener de front ma fonction au sein de la Manufacture et ma carrière de comédienne. Nous sommes habitués à travailler deux mois à fond avec une équipe en création, puis à passer au projet suivant. À présent, je navigue entre ma mission continue à l’école et les créations théâtrales ponctuelles. Cela suppose une organisation adaptée à cette double activité. 

En résumé, j’ai beaucoup de choses nouvelles à gérer.

 

À l’inverse, quel plaisir spécifique éprouvez-vous comme Responsable académique du Bachelor Théâtre ?

VALERIA. J’éprouve un plaisir spécifique en travaillant pour cette école-là. Je me suis tournée vers la Manufacture en 2012 parce que j’étais intéressée par la recherche. À ce moment-là, je sentais le besoin de me repositionner. Cela fait donc 10 ans que j’entretiens un lien ponctuel avec cette institution qui représente à mes yeux un lieu unique où se posent toutes les questions de pointe en la matière. La Manufacture propose un condensé de pensée, tout en étant un lieu de pratique active puisque les intervenants sont des personnalités actives sur les scènes actuelles du théâtre contemporain. De plus, l’interdisciplinarité engendrée par la cohabitation des différentes filières ; théâtre, danse, mise en scène et scénographie se révèle d’une richesse inestimable. Les échanges entre collègues, mais aussi avec les étudiants m’intéressent. En étant en contact régulier avec eux, je peux constater qu’il n’y a pas de portrait-type de l’élève sortant. Par exemple, dans la promo K, une ou deux personnes semblent déterminées à faire du cinéma, d’autres questionnent le collectif. Pour eux, la réussite consiste-t-elle à intégrer une grosse production internationale qui tourne ? Ou à décrocher un grand rôle au cinéma ? Ou à partir en Aveyron avec une bande de potes pour lesquels l’entretien du jardin en perma-culture prend autant d’importance que la demi-journée de répétition ? Se déploie une multitude de manières de travailler. Personnellement, je trouve génial qu’il n’y ait pas de modèle dominant, mais autant d’engagements possibles que d’étudiants.

Je trouve passionnant d’accompagner quelqu’un dès ses débuts, puis de le guider dans son épanouissement d’acteur ou d’actrice. C’est hallucinant et magnifique à observer. Il y a d’abord la phase de sélection lors du concours d’entrée. Nous faisons un sacré pari avec le jury, puis nous voyons les élu.e.s évoluer pendant 3 ans. Je trouve valorisant d’être partie prenante de leur parcours, à un moment clé. En étant comédienne, je vais en retrouver certains hors les murs de l’école. Actuellement, je joue au Poche avec Zacharie Jourdain, sorti de la Manufacture l’année passée. Il a été mon élève et devient mon collègue…

En tant qu’étudiant-comédien, quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?

TOBIA. J’adore les difficultés…

Au Cours Florent, nous avions 9h de cours par semaine plus les options. Nous menions un travail classique, nettement moins intensif qu’à La Manufacture où nous travaillons 8h par jour, avec parfois seulement 5 min de pause en 4h. Dans l’épuisement, on trouve toujours des choses et personnellement, j’adore travailler. Mais, avec une telle intensité, il faut que je gère la fatigue du corps. On travaille sans arrêt, je ne dors pas beaucoup. Je me lève à 7h, je rentre vers 20h30, je dois me faire à manger, je dois travailler mais je suis heureux ! Quelle chance ! Je n’ai pas de temps pour moi : génial ! La difficulté consiste à faire des choix, à renoncer à certaines fêtes pour être moins fatigué.

Une vraie difficulté est de conserver la conscience de ce qui est en train de se passer pour savoir où j’en suis, où je vais. J’alterne de chez moi à la Manufacture, de la Manufacture à chez moi. Dès que je suis ailleurs, cela me semble étrange. Être déboussolé dans le moment de création oui mais pas dans ma vie. Il faut que je fasse attention.

J’ai commencé La Manufacture le 19 septembre dernier, pour l’instant – et c’est normal en 1ère année – nous faisons beaucoup d’exercices techniques de corps, assez peu de sessions de travail qui incluent la langue. Je suis impatient de travailler le texte en jeu. Pour moi qui suis un grand amoureux de la langue, c’est d’autant plus difficile que je n’ai presque plus le temps de lire. C’est dur, mais génial. L’école bénéficie de moyens, de matériel. Dernièrement, nous avons suivi un stage technique où il s’agissait de créer collectivement un spectacle en 2 jours, avec toutes sortes de contraintes. Or, les contraintes amènent des libertés. Oui, les contraintes sont ce qui fait exister la liberté.

Nous avons la chance d’être un bon groupe. Mes camarades sont incroyables. Les intervenants font preuve d’une rigueur énorme mais restent toujours bienveillants.

Parfois, j’ai peur de me complaire dans tout ce confort. Qu’est-ce qu’on est bien, que c’est agréable. La frénésie de Paris me manque. Il y avait moins de confort qu’ici, mais une puissance de vie incroyable, partout, tout le temps.

 

« Je me dis souvent que ce n’est pas grave si je meurs maintenant, parce que je donne tout, tout le temps. »

Quel rapport à votre image entretenez-vous ? Sur un plateau ? Hors plateau ?

TOBIA. Plus jeune, j’étais extrêmement timide. Je ne parlais pas facilement, j’avais peu d’amis mais comme j’étais très attiré par le cinéma, j’ai participé à des courts-métrages. La 1ère fois que j’ai entendu ma voix enregistrée, j’ai eu envie de vomir. Et quand à 15-16 ans, je me suis vu pour la 1ère fois filmé, je me suis demandé qui était ce monstre ? Très complexé par mon physique et par ma voix, je n’étais pas du tout à l’aise avec mon corps.

Je me sens mieux dans ma peau grâce au sport et au théâtre. J’ai une conscience de plus en plus fine de mon physique, de mon image, de ma posture grâce aux exercices que l’on fait. Et puis j’ai grandi, je me trouve de moins en moins moche. Le fait de me voir de plus en plus souvent me permet de m’habituer à mon image. J’ai aussi soigné ma timidité. Si je me sens mieux avec mon image, c’est parce que je me sens mieux socialement. On gagne aussi en confiance quand on obtient des validations. Il s’avère qu’en 2019, j’ai remporté l’Award du meilleur acteur aux Talentscreen Awards, ce qui aide aussi.

Le paradoxe est qu’un acteur aime être regardé. Les autres nous font vivre par leur regard, leurs oreilles. On se met tout nu émotionnellement, parfois physiquement. Si on me demande d’être nu sur le plateau, si j’estime que c’est pertinent je le fais. Certains choix sont délicats mais je n’aurais aucun mal à jouer un dit “monstre”. En tant qu’acteur ou actrice, on doit arriver à comprendre son rôle quel qu’il soit. C’est notre métier d’acteur d’aller dans des endroits critiques. Comme le dit Christophe Reymond De Wit, prof au Cours Florent : « pour être comédien, il faut partir de soi, mais aussi partir de soi ». Il y a une dimension métaphysique dans le jeu. Pour moi, il n’y a pas de limites tant que le texte est bien écrit, que les choix de mise en scène sont justifiés et servent un propos.

Il n’y a rien de moins naturel que d’être comédien. Ceci dit, même dans la vie, je ne suis pas certain que nous soyons naturels.

VALERIA. J’appartiens à une génération encore dominée par les clichés de distribution.

Les profs hommes me disaient souvent de travailler sur ma douceur, ma féminité, comme s’ils n’envisageaient pas de rôles pour moi, telle que j’étais. Je réalise que je me suis souvent “rapetissée” dans ce que je faisais, persuadée qu’il n’y aurait rien pour moi, si je ne tordais pas ma nature. J’ai un visage assez caractéristique et ne correspondais pas au standard de la jeune première. En sortant de la SPAD en 1998 à 26 ans, j’ai tenté quelques auditions pour des pièces classiques, mais avec mon énergie et ma gueule, cela ne prenait pas. Il y avait un écart entre ce que le théâtre classique attendait d’une actrice et ce que je dégageais, par mon physique et ma personnalité. Mise à part Claude Stratz qui m’a embarquée dans son univers, je suis sortie du circuit classique avant même d’y être entrée.

À l’époque, j’ai manqué de récits dans lesquels je pouvais me projeter en tant que femme capable de jouer plein de choses à la fois. Et oui, j’aurais préféré jouer Hamlet que Gertrude. À 25 ans, je voulais jouer Phèdre mais j’étais trop jeune et plus tard, j’étais sortie des canons de théâtre tragique. Pour toutes ces raisons, je me suis vite retrouvée engagée dans des productions de théâtre décalé, absurde ou contemporain. Puis, on m’a associée au registre comique, un genre resté longtemps inaccessible aux femmes.

C’est très difficile de changer son image, mais avec le temps, certains metteurs en scène m’ont choisie pour des rôles plus tragiques, à l’instar de Denis Maillefer pour L’Enfant éternel de Philippe Forest ou Philippe Saire pour Orphelins de Dennis Kelly.

Aujourd’hui, je me sens plus détendue sur l’image que je renvoie. J’ai changé et les enjeux ont changé. Les mentalités se sont ouvertes de manière inattendue. À présent, je me pose plutôt la question de l’âge, bien que je fasse mentir tous les pronostics. On dit qu’à 40 ans tout s’arrête pour les actrices. Pour moi, tout a commencé à 40 ans ! Aujourd’hui, j’en ai 50 et ces 10 dernières années ont été les plus passionnantes de ma vie de comédienne.

Qu’en est-il du rapport à votre image via les réseaux sociaux ?

TOBIA. J’adore la dimension artistique d’instagram, réseau dédié aux images. J’ai un compte artistique où je peux simplement et gratuitement montrer mes tableaux. J’y découvre des photographes et des peintres peu connus que j’adore.

Mais je déteste la partie “commentaires”. Cette zone de réaction se résume à une succession d’avis dont la majeure partie n’a aucune profondeur. La liberté d’expression est géniale et dangereuse à la fois. Les commentaires sur les réseaux peuvent engendrer de la haine. La violence je l’aime dans l’art, mais pas dans le réel entre les gens.

Je pense que tout est imbibé de notre passé. On croit connaître notre époque mais on ne capte rien. On ne connaît rien. Alors, j’ai envie de dire : « Utilisez le maximum de tout ce que nous avons aujourd’hui. Prenez, nourrissez-vous et transformez ».

VALERIA. J’entretiens avec les réseaux sociaux un rapport assez distant. Je fais une incursion de temps en temps sur facebook mais mes publications personnelles se font de plus en plus rares. Je publie essentiellement des informations liées à mon activité professionnelle, genre « venez me voir jouer ». Dernièrement, j’ai aussi publié la dernière série de jolies photos que Guillaume Perret a faite de moi. Honnêtement, j’ai la chance de ne pas avoir besoin de me promouvoir par ce biais. Le meilleur CV pour moi est d’être sur scène. Je reste sur facebook non par peur de disparaître, mais parce que j’y glane des infos sur les spectacles que je ne trouve pas ailleurs.

J’ai pour principe de ne pas être “amis” facebook avec les étudiants. Je ne veux pas connaître leur vie, et inversement. J’ai l’impression que les étudiants avec lesquels je suis en lien gèrent bien leur utilisation des réseaux. Les apprentis-acteurs mettent en ligne leur bande-démo, des photos, s’inscrivent sur comedien.ch, mais ne se surchargent pas d’activités virtuelles. Les étudiants danseurs me semblent avoir d’autres habitudes. Certains sont plus accoutumés à filmer ce qu’ils sont en train de faire en salle de travail et de partager leurs vidéos sur les réseaux.

Dans son documentaire Sois belle et tais-toi qui date de 1981, Delphine Seyrig dit qu’il est « difficile d’être féministe et actrice ». L’image de la femme a beaucoup changé depuis. Entre les photos que nous faisions quand j’étais jeune comédienne et les photos d’aujourd’hui, je constate une évolution positive. Avec le recul, cela me choque de constater à quel point les comédiennes étaient maquillées, apprêtées. La beauté me semble plus décontractées comme si les jeunes femmes s’en fichaient davantage. Le style des photos glacées à la Harcourt**** me semble révolu. Mon constat vaut pour le milieu théâtral. J’ai bien conscience que, sur le plan général, la pression liée à l’image reste une absolue catastrophe.

Quelles sont vos textes fétiches ?

TOBIA. Au fond, je suis quelqu’un d’assez classique. J’adore les mots et je fonctionne par admiration extrême. Je mets dans un carton les livres que je considère incontournables, que tout le monde devrait lire. Comme j’ai longtemps été obnubilé par le cinéma, la vraie découverte du texte s’est faite très tardivement pour moi, genre l’année passée, en 2021.

J’ai sombré dans l’amour des textes par l’écriture de Paul Claudel qui associe la complexité de la langue, la précision des propos et une vraie structure. Au théâtre on parle du « souffle claudélien ». Un terme existe pour qualifie le souffle spécifique lié à sa dramaturgie, c’est dingue ! Sa langue est vivante. J’adore trouver le concret dans ce qui peut sembler flottant. Claudel utilise des termes que l’on n’utilise jamais. Il écrit des phrases de 12 pages sans respirer. J’éprouve plein de sensations en le lisant.

Dans mon carton, il y a aussi Anton Tchekhov qui a révolutionné le théâtre. Son théâtre semble à la fois hyper quotidien et est, malgré cela, profondément émotionnel. Son travail du personnage est d’une complexité incroyable, sans jugement. Enfin, je ne suis pas sûr que le personnage existe en tant que tel. À la base, il y a une langue. Ensuite, il y a autant de Hamlet qu’il y a de comédiens qui vont l’interpréter et des gens qui vont le lire. On parle de personnage comme s’il s’agissait d’une entité à part entière, mais non, le personnage n’existe pas en tant que tel. C’est pourquoi je préfère parler de rôles. Baal de Bertolt Brecht est ma pièce préférée de tous les temps. J’aime aussi Edward Bond, la violence de la langue dans Chaise par exemple. En résumé, j’aime les écritures qui prennent aux tripes, celles qui font monter les larmes et questionnent.

 

* La Manufacture : Haute école des arts de la scène, basée à Lausanne.

** CERN : Organisation européenne pour la recherche nucléaire fondée en 1954 et située près de Genève.

***SPAD Section Professionnelle d’Art Dramatique, située à Lausanne. Durant quarante ans, elle forme, avec l’ESAD de Genève, la majorité des comédiens de Suisse romande. En 2004, toutes deux laissent place à La Manufacture – Haute école de théâtre de Suisse romande.

**** Harcourt : studio photographique fondé en 1934 à Paris, réputé pour ses portraits en noir et blanc de vedettes de cinéma et de personnalités.

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L’an prochain, Laurence Perez cédera les rênes de « Sélection suisse en Avignon » à Esther Welger-Barboza. En attendant, l’actuelle directrice artistique et exécutive couve une ultime volée dont elle défend avec détermination la singularité.

Liv Van Thuyne et Serge Martin ¦ Le génie des ingénu.e.s [acte I]

Pour inaugurer ce feuilleton, je m’entretiens avec Liv Van Thuyne, 22 ans, élève de 1ère année à l’école Serge Martin. Malgré son jeune âge, elle s’est déjà frottée au large spectre des arts, sensible aux subtilités qu’offre chacun d’eux. En écho, la magie de la pensée concentrée du maître Serge Martin, qui dit tant en si peu de mots.

Le théâtre-zèbre de Marielle Pinsard

Marielle Pinsard m’a offert mon premier plongeon théâtral. Alors que l’année 2001 allait s’éteindre, Marielle mettait le feu aux poudres avec Comme des couteaux, pièce dont elle était à la fois l’auteure et la metteure en scène.

Michel Vinaver, homme de l’être

Dramaturge et écrivain, mais aussi ancien chef d’entreprise, Michel Vinaver s’est éteint ce 1er mai à 95 ans. En hommage, les extraits d’un entretien accordé il y a quelques années.

Mali Van Valenberg se mêle au vent

Série “J’ai deux amours” (VI). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Pour cet ultime volet, Laure Hirsig parle écriture avec Mali Van Valenberg.

Alexandra Marcos, voix double

Série “J’ai deux amours” (V). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Pour ce nouveau volet, Laure Hirsig suis les “voies” d’Alexandra Marcos.

Paroles de scénaristes : où en est la Suisse?

Depuis sa création en 2003, la Haute école des arts de la scène, implantée à Lausanne, n’a cessé de déployer le champ de ses recherches artistiques tout en multipliant ses filières. Au point qu’elle se sent désormais un peu à l’étroit entre les murs de l’ancienne usine de taille de pierres précieuses.

La Manufacture: la conquête de l’espace

Depuis sa création en 2003, la Haute école des arts de la scène, implantée à Lausanne, n’a cessé de déployer le champ de ses recherches artistiques tout en multipliant ses filières. Au point qu’elle se sent désormais un peu à l’étroit entre les murs de l’ancienne usine de taille de pierres précieuses.

Sébastien Ribaux, l’amour de la psyché

Série “J’ai deux amours” (IV). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Laure Hirsig dévoile le “double je” de Sébastien Ribaux.

Delphine Lanza, au Pays des merveilles

Série “J’ai deux amours” (III). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Laure Hirsig dévoile les “multiples palettes” de Delphine Lanza.

Noémie Griess, au plateau et au micro

Série “J’ai deux amours” (II). Parce qu’il vaut mieux avoir plusieurs cartes dans son jeu, certain.e.s comédien.ne.s partagent leur temps entre plusieurs activités. Pour ce deuxième volet, Laure Hirsig échange avec Noémie Griess sur ce “double jeu”.

Garance La Fata, l’esprit boomerang

Série “J’ai deux amours” (I). Parce que la vie ne s’arrête pas à la scène, certain.e.s comédien.ne.s s’emploient à jouer un rôle bien ancré dans le réel. Pour ce volet inaugural, Laure Hirsig échange avec Garance La Fata sur ce “double jeu”.

Joël Hefti, portrait extérieur

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce sixième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Joël Hefti.

Roberto Garieri, de chair et de mots

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce cinquième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Roberto Garieri.

Le parler swing de Roberto Molo

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce quatrième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Roberto Molo.

Djamel Bel Ghazi, tempête sous un crâne

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce troisième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Djamel Bel Ghazi.

Xavier Loira, dandy cash

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce deuxième volet de la série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien Xavier Loira.

Boubacar Samb, sentinelle sans tabou

Quand on est comédien.ne, un particularisme ethnique, morphologique, biographique ou culturel représente-t-il un atout? Dans ce premier volet d’une série intitulée “Mon truc à moi”, Laure Hirsig pose la question au comédien d’origine sénégalaise, Boubacar Samp.

Carlo Brandt, l’homme renversé (II)

Pour nous, Carlo Brandt a prêté ses traits au visage inquiet et brut du monde. Comédien d’exception, il se livre dans un portrait intime dressé par Laure Hirsig. Second et dernier chapitre d’un entretien sans fard.

Carlo Brandt, l’homme renversé (I)

Pour nous, Carlo Brandt a prêté ses traits au visage inquiet et brut du monde. Comédien d’exception, il se livre dans un portrait intime dressé par Laure Hirsig. Premier chapitre.

Isabelle Caillat au coeur de la crise

La comédienne genevoise s’impose en femme de tête et de coeur dans « Cellule de crise », nouvelle série signée Jacob Berger qui nous dévoile les arcanes de l’humanitaire. Entretien à la veille de la diffusion.

Y’a-t-il encore un.e auteur.e dans la salle?

Acteur.trice à la fois central et à part, l’auteur.e d’un spectacle ou d’un film doit composer avec des contraintes qui laissent peu de place à l’ego. Trois d’entre eux/elles nous parlent de leur pratique.

Alain Mudry, colosse au clair de lune

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce sixième “Traversée en solitaire”, on se met sur orbite avec Alain Mudry.

Serge Valletti brise le glas à Avignon

Acteur, auteur, scénariste aux côtés du réalisateur Robert Guédiguian, Serge Valletti a mis du baume aristophanesque sur les plaies du festival avorté. Rencontre.

Arblinda Dauti, la perle noire

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce cinquième “Traversée en solitaire”, on se fait la belle avec Arblinda Dauti.

David Valère, l’homme debout qui met le chaos K.O.

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce quatrième “Traversée en solitaire”, on fend les flots avec David Valère.

Olivia Csiky Trnka, l’extra-terrienne

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce troisième “Traversée en solitaire”, on décolle aux côtés d’Olivia Csiky Trnka.

Raphaël Vachoux, sans peur ni reproche

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude dans leur parcours et leur pratique. Pour ce deuxième “Traversée en solitaire”, on embarque aux côtés de Raphaël Vachoux.

Jacques Michel, l’échappée belle

En six décennies de carrière, le comédien a endossé tous les costumes. Acteur dans tous les sens du terme, il a construit une histoire qui déborde la sienne, celle du théâtre romand. Portrait.

Lola Giouse, Miss en tropisme

La “crise de la quarantaine” a donné l’occasion à Laure Hirsig de questionner comédiennes et comédiens sur la solitude, ses charmes comme sa nocivité dans leur parcours et leur pratique. Pour cette première “Traversée en solitaire”, on largue les amarres avec Lola Giouse.

Un dernier café avec Michel Piccoli

L’acteur nous a quitté le 12 mai, à l’âge de 94 ans. En guise d’hommage, des extraits inédits d’un entretien accordé à Lionel Chiuch à l’occasion de la tournée de “Minetti”, de Thomas Bernhard.

“Il reste dans la culture une sorte de mépris de classe”

Après un septennat à la tête du GIFF, Emmanuel Cuénod s’apprête à en remettre les clés. Dans un long entretien sans langue de bois, il nous parle du festival genevois et donne quelques coups de griffe à la politique culturelle suisse.

Monica Budde, la voix libre

D’Andromaque de Racine au personnage de A de Sarah Kane, la comédienne Monica Budde campe des femmes qui, comme elle, ne s’en laissent pas conter. Portrait en toute liberté.

Braqueur de banques!

Alors que la saison 2 de « Quartier des banques » débarque sur les écrans, son réalisateur, Fulvio Bernasconi, nous parle de son rapport aux comédien(ne)s.

“L’avantage ici, c’est le Système D”

A la Chaux-de-Fonds, pays des merveilles mécaniques, on croise moins de lapin blanc que de drapeau noir. La comédienne Aurore Faivre brandit celui d’un théâtre qui ose et qui place l’humain au centre.

Gilles Tschudi: “C’est vrai, je ne connais pas de barrière”

Acteur puissant et subtil, Gilles Tschudi n’hésite pas à se mettre à nu, comme dans « Souterrainblues », mis en scène par Maya Bösch il y a près de dix ans au Grütli. Mais l’homme dévoile volontiers aussi ce qui « l’agit » et dresse ici une véritable métaphysique du jeu.

Théâtre des Osses, théâtre de chair

On prend les chemins de traverse jusqu’à Givisiez pour y rencontrer Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. Leur nouvelle saison regarde la planète en face.

Sarah Marcuse: Tribulations avignonnaises

En 2018, la comédienne et metteure en scène genevoise Sarah Marcuse s’est frottée au Festival Off. Elle en rapporte un témoignage fort que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation.

Carole Epiney, névrosée à temps partiel

Elle était impeccable dans « Les névroses sexuelles de nos parents ». La valaisanne Carole Epiney affronte les aléas de la vie de comédienne romande avec une belle énergie.

Il y a plus de compagnies que de films

Critique à la Tribune de Genève, Pascal Gavillet est un habitué du cinéma suisse, dont il connait bien les mécanismes. On fait le point avec lui.