Isabelle Vesseron, l’utopie à tout prix

Rétrofuturiste (II) En courants alternatifs ou continus, l’histoire du théâtre suit une chaîne de transmission humaine. Quel que soit leur degré de parenté avec les précédentes, les œuvres ne surgissent pas hors sol. Elles puisent dans un terreau, lui-même agrégat de ce qui précède et future zone de germination de ce qui suivra.

Secoué de ruptures, le théâtre est un art à l’infini, par le vivant transmis. Et à l’instar de tout corps en vie ; il s’agite et mute. Alors que certains l’estiment has been depuis l’avènement du cinéma et moribond depuis l’intrusion dans les foyers du poste de télévision, les adeptes du positivisme l’imaginent au contraire progresser en ligne ascendante, voire trônant en tête de liste des pratiques innovantes. Les plus sages identifient des cycles.
Quoi qu’il en soit « Drama is not dead ». Que voit-on si, le présent chevillé au corps, nous jetons un regard en arrière ? Puis, hissés sur la pointe des pieds, le projetons vers l’avant ? Qui nous fait des clins d’œil ou des bras d’honneur dans le rétroviseur ? Et si le plateau continue de fertiliser les imaginaires, quel théâtre du futur prophétiser ? Sous l’effet d’imprévisibles volte-faces et au prix de scabreuses circonvolutions, les arts vivants sinuent à travers les modes, pour le meilleur et pour le pire. Questionner le passé et le futur de comédiennes et comédiens actifs aujourd’hui, c’est faire ressurgir mentors et idoles, amis et ennemis, pères ou pairs dont l’exemple, le soutien ou les foudres se sont révélés déterminants dans leur choix de carrière.
Cette série d’entretiens vous propose une plongée dans les souvenirs, les goûts et les affabulations rétrofuturistes de six comédien.nes.

(Photo page d’accueil: perfo Isabelle Vesseron et Tali Serruya avec Tatiana Baumgartner©Claudia Ihrek)

“Faut pas cacher la merde au chat”. ©Elie Grappe

À coup sûr, Isabelle ne suit pas les recettes jusqu’au bout quand elle cuisine. Dans son chaudron théâtral aussi, elle concocte de bien étranges mixtures et promet aux papilles des spectateurs des alliances saugrenues. Fusionnant les genres avec l’inconvenance du clown, la solennité d’une maîtresse de cérémonie et le rythme ébouriffé de la performeuse, Isabelle se fabrique des corps non-conventionnels et construit à vue des mondes imaginaires décalés.
Des mondes poreux car la rencontre avec le public la pique à vif et motive ses embardées. Dans (pro)vocation, spectacle orchestré par Árpád Schilling en 2013 pour les sortants de la Manufacture, on se souvient d’elle en femen arborant une poitrine-tribune, prête à en découdre avec le patriarcat-ca. Caca qui revient dans son solo, Faut pas cacher la merde au chat ; délire intimiste et métaphorique nimbé d’une esthétique mystico-kitsch. Mais il y a maldonne : bougies, autel et robe de bure ne font pas d’elle une Madonne. Elle tient plutôt de la sorcière. Armée d’improbables colifichets, elle exorcise ses maniaqueries et tire en live sur la corde pour tester l’élasticité du lien au public. Elle est passée par-ici et repassera par-là, surgissant telle un lutin hors de sa boîte, elle renverse ce qui autour s’alignait en rang d’oignons.
Comédienne du corps, je la découvre en Schmurtz muet mis en scène par Gian Manuel Rau en 2019, monstre rampant au milieu de ses partenaires de jeu. Pas de silhouette plus efficace que cette chimère bubonique pour incarner la violence de l’exclusion.
Notre conversation m’apprend que rien ne prédestinait Isabelle à monter sur les planches, jusqu’au jour où elle décide d’en faire sa bulle à malices.

“Le théâtre que je rêve pour demain, je n’ai pas forcément envie de le faire dans les murs de l’institution. J’ai juste envie de faire du théâtre en fait. Or, les institutions enferment le théâtre dans une sorte d’élitisme. J’ai envie de créer des remous avec ce que je fais. Je trouve plus intéressant de me pencher sur la fonction du théâtre que sur le choix des esthétiques qui accèderont à la scène.”

Age of anxiety©Léandre Séraïdaris

Perfo Isabelle Vesseron et Tali Serruya avec Tatiana Baumgartner©Claudia Ihrek

Quel(s) événement(s) passé(s) ont inspiré votre carrière actuelle ?

– La première personne qui m’a permis d’envisager réellement que c’était possible de faire ce métier est ma prof de théâtre au lycée en Seine-et-Marne ; Marylène Kert. J’avais 16 ans et suivais l’option « théâtre » de la filière littéraire 2 heures par semaine. De cette femme se dégageait une extraordinaire liberté. Elle s’affranchissait des codes et donnait envie d’essayer sans complexes. Avec sa compagnie, elle développait un univers ultra kitsch et punk-rock. Je me souviens de courtes vidéos complètement dingues avec des costumes d’œufs géants ; cela s’appelait Les Poules de l’espace. En y réfléchissant, je me rends compte qu’elle m’a pas mal inspirée… Elle travaillait avec son mari, le père de ses enfants. Je pouvais facilement m’identifier à cette synergie qui mêle l’art et la vie. Cette prof m’a aidée à sortir du cocon familial. J’ai la chance d’avoir eu à manger, des habits, d’être scolarisée mais la sphère familiale était un peu étouffante. Ma mère nous a élevées seule, mes sœurs et moi, elle n’avait pas le temps de nous emmener au théâtre ou dans les expos mais elle faisait en sorte que nous puissions nous y rendre quand l’école le proposait. Ma mère n’a pas pu entamer de processus émancipateur pour sa propre vie. Je l’ai entendue toute mon enfance répéter « j’aimerais bien mais… c’est compliqué » comme un refrain fataliste. En tant que femme, on ne te met pas dans la tête que ce que tu veux est réalisable. Malgré cela, ma mère a poussé ses quatre filles à s’accomplir librement. C’est mystérieux et je la remercie pour ça. Quand je lui ai dit, alors que j’étais encore lycéenne, que je voulais faire du théâtre, elle m’a soutenue tout en me conseillant de suivre un cursus universitaire en lien avec le théâtre, pour avoir au moins un diplôme. J’ai donc fait une licence en Arts du spectacle à Nanterre pendant 3 ans. Ce campus immense fréquenté par des milliers d’étudiants était effrayant pour moi qui sortais tout juste de ma bulle. J’étais tout le temps dans une bulle : la bulle de la famille, la bulle de l’école, la bulle des copains. Scolarisée dans un collège et lycée privés, j’avais grandi dans un cercle hermétique. En grandissant, tu prends conscience que les gens ne fonctionnent pas tous comme toi. Il y a eu un réajustement à faire. Je me suis dit : le théâtre pourrait devenir ma bulle à moi et je choisis qui je mets dedans.
J’ai entamé un CEPIT* à Noisiel. Cette formation s’apparente à une pré-pro et dure 2 ans. Nous y avons travaillé la tragédie, Racine. Cela m’a passionnée. J’y ai aussi découvert le clown et la marionnette ; deux disciplines fondamentales pour moi que j’ai pourtant longtemps reléguées au rang des disciplines bannies car jugées désuètes par certains. C’est idiot. Il faut faire ce qu’on a envie de faire, cela n’épanouit pas de suivre les attentes des autres, ni les tendances dominantes. En cours de CEPIT, j’ai rencontré Anthony qui a été mon amoureux jusqu’à la fin de la Manufacture**. Lui aussi a été très inspirant et m’a permis d’y croire. Rien n’était impossible selon lui. Il était déjà actif avec sa compagnie. Il m’a poussée à passer des concours d’écoles. Cette relation riche m’a aidée à exploser le cadre, à sortir encore un peu plus de ma bulle.
Mon arrivée à la Manufacture était bizarre. Jusqu’alors, je m’étais dit « j’ai envie de faire du théâtre » mais là, cela devenait réel ! À la sortie de la Manufacture, j’ai souffert car je n’avais pas de contrat. Alors, ça veut dire que je ne suis pas comédienne ? Je me suis beaucoup flagellée. J’étais en colère. Comme personne ne voulait de moi, j’ai décidé de me lancer dans un solo.

Quels sont les esthétiques ou genres théâtraux qui vous influencent?

– C’est un peu flou et difficile de mettre des mots dessus. Pendant la Manufacture, j’étais obsédée par Claude Régy, sur lequel j’ai écrit mon mémoire. Il y aurait donc une esthétique de l’hypnose, de la transe et le théâtre comme expérience. Et puis, il y a environ 10 ans, j’ai vu Laetitia fait péter L’Arsenic de Laetitia Dosch et me suis dit : « C’est ça que je veux faire » ; utiliser le théâtre sous un tout autre angle et déjouer tous les codes ! Son spectacle me reste encore en tête. J’ai aussi été totalement subjuguée par Las Vanitas, spectacle créé notamment par Marion Duval dont l’univers très proche du clown établit un rapport direct aux spectateurs dans un mélange d’ironie et d’absurde. C’est génial ! Et puis, avant d’entrer à la Manufacture, j’avais vu 1ère version de Idiot ! de Vincent Macaigne à Chaillot en 2009. Les acteurs couraient dans le public, hurlaient dans un mégaphone. Il y avait une telle rage. Je n’avais jamais vu ça. Je jubilais ! À la fin, tout le décor tombe pour faire place à un autre décor, complètement baroque. Ce spectacle a opéré pour moi un changement de paradigme total. Plus récemment, j’ai été marquée par Le Récital des postures de la chorégraphe-danseuse Yasmine Hugonnet découvert à Sévelin 36. Elle maîtrise tout avec son corps tout en dégageant une grande liberté et en travaillant avec l’absurde. En détournant des postures classiques, elle révèle subitement une vision nouvelle. Je me souviens avoir été la seule à rigoler dans la salle. Je trouvais ça tellement drôle. Par la suite, je l’ai rencontrée et ai fait plusieurs workshops au cours desquels j’ai pu découvrir la richesse de sa pratique à travers mon corps. Yasmine exprime des choses que je voulais moi-même écrire. J’adore l’idée d’utiliser ce qu’on attend du théâtre pour l’emmener ailleurs.
Comme interprète, j’ai beaucoup travaillé avec le metteur en scène Gian Manuel Rau, dans des rôles assez physiques. C’est chouette d’amener du corps dans les pièces. Gian s’intéresse au thème de la violence. Prendre soin du public n’est pas sa préoccupation première. Pour ma part, quel que soit le projet, je me demande toujours ce qu’il se passe pour les gens. J’ai du mal à envisager un projet juste esthétiquement. Du coup, je me pose en permanence la question du lien au public. Si je ne me la pose pas, je ne sais pas ce que je fais là. Ce lien avance avec moi quand je travaille et permet une mise à jour de tous les choix faits en répétition. Avec quoi ai-je envie de laisser les gens ? Qu’ai-je envie de leur faire vivre comme expérience ? Cette conscience de l’autre m’aide à placer mon intention et à créer du jeu. Si tu ne projettes jamais là où tu aimerais que l’autre soit, il n’y a pas de distance avec le réel. Ne restent que des attentes inconscientes, déçues sans que tu saches pourquoi puisque tu n’as pas construit ton parcours avec l’énergie de la salle. L’intervention d’un guide à l’extérieur qui dirige les acteurs est indispensable pour prendre conscience de ce à quoi on joue avec le public. C’est possible de construire sans guide extérieur, c’est d’ailleurs tout aussi grisant, mais cela prend plus de temps.

Est-ce l’un des éléments que tu expérimentes dans ton solo?

– Le solo Faut pas cacher la merde au chat naît de ma colère. Je me suis demandé quel était le théâtre que j’aime. Artaud, Sarah Kane, que des écritures très sombres. Pourtant, c’est la posture du Fou qui m’anime et me poursuit. À la Manufacture, je proposais toujours des scènes de Fou, dégenré, androgyne. Cette figure m’aide à créer le trouble nécessaire pour que les gens se disent : « Je ne comprends pas, mais c’est acceptable ». Dans la dernière version du solo que j’ai beaucoup réécrite, je parle tout le temps aux gens, entretenant cet incessant rapport direct. Je ne cherche pas la violence, ni le refus. Je veux emmener les gens quelque part en créant de petites déflagrations. Jouer et déjouer les attentes. Détourner ce qui était prévu. Mon solo suit une trame écrite. Je passe de l’action A à B, de B à C, etc., dans l’ordre mais je n’anticipe pas comment je passe de l’une à l’autre, ni avec combien de personnes je vais interagir entre deux. Je joue sans cesse avec le public et le bouscule mais toujours avec bienveillance. J’ai envie de dire aux gens : « Regardez où je veux vous emmener, je vous invite à me faire confiance ». Je fabrique des impostures, simule un scandale, prends les gens à partie, les déplace, les oblige à se lever, les dérange en me baladant dans le gradin. Tout le monde sait que je suis l’auteure de l’imposture feinte. Une telle transparence dans le pacte avec le public est jouissive. Je monte ce spectacle comme un enfant construit un spectacle pour ses parents et les y mêle. Montrer ouvertement ce que l’on trame et s’en amuser ensemble permet de rompre avec le mythe de l’artiste-créateur, de l’inspiration divine ou je ne sais pas quoi. Je préfère jouer avec l’absurde et avec le fait que tout le monde sait ce qu’il se passe et que tout le monde sait que tout le monde sait ce qu’il se passe. Alors, jusqu’où les spectateurs assis sur la chaise vont-ils me suivre ? L’humour et l’autodérision que j’insuffle dès le départ créent du lien. De même, alors que tout le monde sait que je bluffe, les distorsions du réel augmentent la complicité et repoussent les limites de la représentation. Les gens rient. Ils ressentent une certaine euphorie à voir jusqu’où ça peut aller. J’ai envie de stimuler l’appétit des spectateurs dans le plaisir du jeu et dans l’explosion des codes. L’absurde permet de questionner nos cadres, de les péter, ou de les agrandir.

À quoi ressemblera le théâtre de demain (formellement, socialement, politiquement) ?

– Je rêve un théâtre à la ZAD***. Je trouve que le système institutionnel est censurant dans les catégories qu’il impose. Je souffre pas mal de ça. Le théâtre que je rêve pour demain, je n’ai pas forcément envie de le faire dans les murs de l’institution. J’ai juste envie de faire du théâtre en fait. Or, les institutions enferment le théâtre dans une sorte d’élitisme. J’ai envie de créer des remous avec ce que je fais. Je trouve plus intéressant de me pencher sur la fonction du théâtre que sur le choix des esthétiques qui accèderont à la scène. La forme prend trop souvent le dessus sur la mission. Je rêve de lieux à dimension humaine dont le fonctionnement repose sur le lien, la capacité à communiquer et sentir qui est qui. À l’avenir, j’ai le désir de faire des projets dont la frontière entre art, médiation culturelle et action sociale est plus floue. Avec la compagnie Knack, nous avons créé un projet sur le quartier du Vallon au Théâtre 2.21 de Lausanne. Le processus a déplacé nos habitudes de création. Nous avons touché des gens qui ne venaient jamais au théâtre en créant des liens di- rects avec eux. Non seulement, ils sont venus mais ils ont aimé. Une personne s’est étonnée : « Mais je ne savais pas que tu étais comédienne ». Nous étions présents deux mois sur le terrain sans être associés au théâtre qui reste un espace fermé. C’est libérateur de mener un projet qui ne demande pas d’être spécialiste en jeu ou en écriture. Je souhaite pour le futur un théâtre sans assignation, désacralisé et direct. Il faut que les spectateurs puissent sortir sans honte s’ils ont besoin d’aller aux toilettes pendant la représentation. J’adore le théâtre, sa puissance poétique qui en fait un art sans égal, qui permet le partage d’une expérience collective et qui fait exister d’autres temps que le temps quotidien. Mais ce pouvoir énorme devrait être plus simple. Nous devrions faire confiance au théâtre qui est là, porté par tous. Et même si je suis comédienne, il n’y a pas que moi qui ai le droit de faire des trucs. Toi qui n’es pas comédien aussi. Les enfants font des spectacles pour leurs parents dans le salon. Je projette le désir d’un théâtre qui retrouve cet appétit, cette envie de partager sans la pression d’être attendu au tournant lorsque l’on présente un spectacle. Le plus important réside dans l’échange au moment du jeu, pas que l’on retienne ton nom parce que tu as réussi ou raté. J’ai mis du temps à m’émanciper de cette pression qui maltraite les acteurs. Il faut que je sois une bonne comédienne, qui sache un peu tout faire alors que ce n’est pas mon endroit. Je suis sortie de l’école avec ce but en tête. Comme on n’en parle pas, c’est tacite et grossit jusqu’à devenir douloureux. Je suis un peu sortie de ça maintenant. J’espère aussi que le théâtre de demain sera moins rapide, qu’on bannira l’obligation frénétique de production. C’est important de produire des spectacles, c’est super que plein de gens en fassent mais… Il faut établir un dialogue entre créateurs et institutions sur les délais. Tout le monde est au bord du gouffre en novembre ; les théâtres doivent donner des réponses, les compagnies doivent envoyer des dossiers aux autorités culturelles. C’est mettre beaucoup trop de gens en porte-à-faux pour satisfaire le calendrier de salariés employés à l’année dans un bureau, qui n’ont pas besoin de s’inquiéter de ce qui arrivera demain.

Quelle personnalité, dont vous n’êtes pas la contemporaine, auriez-vous aimé rencontrer ?

– J’ai le grand regret d’avoir découvert David Bowie trop tard. Découvrir son travail lors d’une expo à La Villette en 2015 m’a bouleversée. Le jour où il est mort, j’ai l’impression d’avoir perdu un oncle. Je pleurais dans le bus en écoutant ses chansons. Oh oui, j’aurais aimé jouer avec lui dans un film. Il dégage quelque chose de libérateur, joue avec les codes, l’identité. Il était hyper conscient de toutes ses mythologies intérieures et parvenait à les rendre réelles. Sinon, elle est ma contemporaine mais vit loin : Starhawk, une écrivaine américaine, militante écoféministe, sorcière et théoricienne spécialiste du néo-paganisme. J’ai lu un premier livre d’elle Rêver l’obscur en 2015. Engagée dans la lutte contre la maltraitance de la Terre, elle m’a donné envie d’aller vivre avec elle dans sa ferme aux Etats-Unis. J’aimerais beaucoup la rencontrer. C’est quelqu’un qui a énormément de recul sur ce qu’il se passe. Elle a foi en la vie, au-delà de tout système. Elle ne condamne pas et se demande concrètement comment faire pour avancer. Elle pense que tout est relié, que l’énergie n’est pas une chose à part mais qu’elle est présente dans tout. Elle entretient un rapport à la magie et à d’autres choses essentielles desquelles nous sommes malheureusement aujourd’hui déconnectés. Enfin, j’aurais aimé rencontrer le poète Christophe Tarkos, mort en 2004. Il avait une quarantaine d’années seulement. Il est allé très loin dans la pensée et le langage. Quand tu lis son poème Les Nuages, tu es dans le ciel. C’est simple, lorsque je lis un poème de Tarkos, j’écris directement après, en flux direct.

Propos recueillis par Laure Hirsig

* CEPIT : Cycle d’enseignement Professionnel Initial de Théâtre.
** La Manufacture-HETSR : Haute École de Théâtre de Suisse Romande, basée à Lausanne.

***ZAD : « Zone à défendre » est un néologisme militant utilisé en France, en Belgique et en Suisse pour désigner une forme de squat à vocation politique. D’après une série documentaire sur le sujet diffusée par France Culture, sont citées les Zones à défendre contre la bétonisation, contre les projets de rentabilisation financière de l’espace, contre les projets de rentabilisation des ressources terrestres et humaines, et contre les aménagements outranciers. La ZAD désigne un espace de lutte, mais également les bases d’un monde en friche à construire dans lequel tout se remet en question, de la façon d’habiter à la façon d’envisager l’autre, la nature, les formes de domination, la démocratie. Elle représente une culture en mouvement animée par des militant·es qui inventent et mettent en pratique des outils de désobéissance et d’occupation.

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